Abdou Karim Fofana au jury du dimanche : « il y a au Sénégal une séparation des pouvoirs, notre justice est indépendante »

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Le ministre du Commerce, de la Consommation et des PME, porte-parole du gouvernement, était l’invité de l’émission Jury du dimanche sur Iradio. Face à Aissata Ndiathie, Abdou Karim Fofana a passé en revu les sujets brulants de l’actualité. Morceaux choisis.

Sonko avait dit qu’il ne serait pas jugé

Interrogé sur le verdict en première instance du procès opposant Mame Mbaye Niang à Ousmane Sonko, Abdou Karim Fofana déclare : « Je n’ai pas l’habitude de commenter des décisions de justice. Il y a une séparation des pouvoirs dans notre pays (…) l’indépendance de notre justice a été démontrée. On a fait croire par la manipulation que la justice n’était pas indépendante et qu’on cherchait l’inéligibilité du prévenu. Il avait dit qu’il n’allait pas être jugé. Ils ont appelé au meurtre, à l’insurrection. Malgré toute cela, malgré des demandes de renvoi dilatoires, ubuesques, le procès s’est tenu (…) maintenant le procureur et le plaignant ont fait appel, on verra. »

Il n’y a eu aucune ingérence

Le ministre a aussi infirmé l’assertion de l’avocat français de Sonko, Juan Branco, sur une ingérence de la France dans l’issue de ce procés et est revenu sur son expulsion du territoire national. « Vous imaginez, a-t-il avancé, un pays comme le nôtre avec une justice indépendante se faire dicter des décisions de justice par un autre pays ? Il faut être sérieux (…) Lorsque qu’un avocat a une attitude qui porte atteinte à nos institutions, l’Etat prend ses responsabilités. »

La société civile doit être équilibrée et équidistante

Revenant sur un récent rapport d’Amnesty international relatif aux libertés, le porte-parole du gouvernement affirme : « Nous avons l’habitude de ces rapports. Nous avons connu une année où beaucoup de leaders politiques ont appelé à l’insurrection, beaucoup de journalistes sont allés au-delà de leur rôle. On menace des juges, on porte atteinte aux institutions … Pourquoi Amnesty n’en parle pas ? La société civile doit être équilibrée et équidistante. L’état doit garantir la liberté mais aussi la quiétude des populations et la possibilité d’aller et de venir des gens. »

Et de poursuivre : « Les Sénégalais qui veulent manifester sans menacer la quiétude des autres peuvent le faire. Mais quand les enquêtes montrent la préparation de cocktail molotov, de casses avec des positions assumées antirépublicaines, fascisantes dans les rangs de Pastef, le devoir du président de la République est de garantir la liberté mais aussi de préserver l’ordre public.
 
L’Etat ne peut pas croiser les bras quand des hommes politiques disent aux jeunes : allez donner vos vies, de toute façon vos mères feront d’autres enfants (…) L’opposition dit que le droit de manifester est constitutionnel. Mais c’est un principe qui comme tous les autres est encadré par les lois. »

Le procureur général a relaté les résultats d’enquêtes sérieuses

Le ministre en est convaincu : « Dans l’histoire du Sénégal on a connu la tension en année pré-électorale. Mais on n’avait pas vu un mouvement qui, comme l’a dit le procureur général use de la violence (…) Le procureur général a relaté les résultats d’enquêtes sérieuses. On ne peut pas, sous prétexte de conquête du pouvoir, appeler à l’insurrection, insulter les marabouts, menacer les journalistes, les juges, les forces de défenses et de sécurité. Quoiqu’il en coûte nous, préserverons l’ordre public. »

Il faut laisser le Président Macky Sall se déterminer

Abordant la question du troisième mandat, Abdou Karim Fofana s’est voulu clair : « On ne peut pas imposer ce que la loi n’impose pas. Ma position en 2012 était d’élire le Président Macky Sall. La question du mandat m’importait peu car à la fin ce sont les Sénégalais qui décident. Le Conseil Constitutionnel a dit en 2016 que le mandat 2012 – 2019 était hors de portée de la révision constitutionnelle. »

Et de conclure : « il y a des préalables : le président de la République doit vouloir être candidat. Le Conseil Constitutionnel doit décider. Pourquoi décider à sa place ? Aujourd’hui il nous faut un front républicain contre les poussées anarchistes et les tentatives de déstabilisation. Il faut casser la République disent certains. Face à ceux-là, la question du mandat est mineure. »

La loi de 2014 a eu des effets positifs

Parlant du loyer, M. Fofana a marqué son désaccord avec ceux qui disent que la loi de 2014 ayant précédé le décret de 2023 n’a pas eu d’effet. « L’ANSD, argumente-t-il, a chiffré à 129 milliards de FCFA la diminution des loyers payés par les ménages entre 2014 et 2019 du fait de la loi qui a permis une baisse réelle de 18%. Entre 2019 et aujourd’hui une hausse de la demande s’est produite du fait de l’attractivité de Dakar surtout. Raison pour laquelle les loyers sont repartis à la hausse. Pour faire face à cela, nous avons pris le nouveau décret (…) Aussi en 2014 la baisse aurait été plus efficace avec un organisme de proximité pour faire de la conciliation. Nous avons donc créé la Commission nationale de régulation des loyers – CONAREL ».

Il y a une tension sur le sucre mais pas sur les autres produits

Le ministre du Commerce a aussi abordé la question de la disponibilité et du prix des denrées. « Les tensions concernant le sure, informe-t-il, sont liés au fait que la CSS dit avoir du stock
mais les commerçants déplorent les lenteurs dans la livraison. Nous avons exigé de la CSS que les stocks soient entreposés dans les capitales régionales (…) Concernant le contrôle, 24.000 visites ont été effectuées depuis novembre dernier pour un taux d’application des prix de 60%. Autant il y a une tension sur le sucre autant sur d’autres produits il n’y en a pas parce que nous contrôlons. »

Le privé national doit mieux s’organiser

A la question relative l’installation des multinationales de la grande distribution, Abdou Karim Fofana a répondu en rassurant les petits commerçants et en lançant un appel au secteur privé. « Beaucoup d’acteurs nationaux, constate-t-il, sont dans le commerce. Maintenant il y a une tendance mondiale des multinationales à chercher des relais de croissance dans des pays (…) Nos équipes font des contrôles sur les grandes surfaces et tous les commerces en général. Il faut que les règles d’installation soient respectées. En général il n’y a pas de risque pour les petits commerçants. Le ministère du commerce a organisé le conditionnement et la vente de certains produits réservés au petit commerce. Je pense aussi que le privé national doit s’investir et ne pas seulement se demander pourquoi l’autre vient. Aujourd’hui, 63 ans après notre indépendance, on ne peut pas mettre en place des grandes surfaces (…) Je le dis d’autant plus que je suis aussi le ministre des PME. Beaucoup d’instruments ont été mis en place par l’Etat pour accompagner, financer les entreprises et promouvoir le consommer local ».

Les réseaux sociaux ont changé la communication
 
Réputé excellent communicant, AKF a analysé les mutations observées dans la communication en général et celle politique en particulier. « La communication, précise-t-il, a changé. Les médias sont concurrencés par les réseaux sociaux. L’opposition y use du faux et de la manipulation (…) La communication est mouvante. Toutefois nous avons une responsabilité. Nous ne pouvons pas être dans la manipulation comme L’opposition ».

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