Touba s’est officiellement prononcé sur la publication des cinq premiers Tomes de l’Histoire générale du Sénégal. Le porte-parole des Mourides a aussi récusé les travaux du comité de rédaction présidé par le Pr Iba der Thiam.
Le désaveu est presque total. La récusation entière. Comme si les familles religieuses s’étaient passé le mot, elles ont toutes rejeté la première production de L’Histoire générale du Sénégal (Hgs). Les 5 premiers Tomes publiés par le coordonnateur, le Pr Iba der Thiam, et les membres de la structure qu’il dirige ont créé beaucoup d’histoires au Sénégal.
Après une partie de la famille Niassène, les Layènes et la famille Ndiéguène, la confrérie mouride s’en mêle et c’est pour contester la fiabilité des travaux de recherches effectués par le comité. C’est la voix officielle de Touba qui s’est élevée pour dire toute son «amertume et sa désolation». Le porte-parole du Khalife général des Mourides, Serigne Bassirou Abdoul Khadre Mbacké, a profité de la visite du ministre de l’Eau de l’assainissement, Serigne Mbaye Thiam, à Touba pour tirer sur la production de L’Histoire générale du Sénégal qui «a créé beaucoup de malentendus et est à l’origine d’invectives et de calomnies au sein de la plupart des familles religieuses du Sénégal». Sans porter de gants, la voix de Touba a déclaré que les premières publications sont à l’origine du tollé qui secoue le pays.
D’après Serigne Bassirou Abdoul Khadre Mbacké, «enseigner l’histoire du Sénégal fait appel à deux piliers essentiels que sont la vérité et justesse». Et le chef religieux de constater «qu’il n’y a pas eu suffisamment de neutralité dans la collecte des faits historiques. Or, ces vertus semblent faire défaut dans ce livre». Le porte-parole des Mourides dit ne toujours pas comprendre que «des sommités de la trempe de Iba Der Thiam tronquent délibérément l’histoire de figures emblématiques du Sénégal telles que Serigne Touba. Je ne m’autorise pas de trancher ce différend entre personnes de confrérie différente. Des gens peuvent ne pas partager la même religion et entretenir des relations saines, a fortiori, s’ils appartiennent à des religions révélées. C’est un principe. Maintenant, ce principe est encore plus fort, lorsqu’il s’agit de personnes qui appartiennent à la même religion musulmane».
Serigne Bassirou Abdoul Khadre affirme que «tout ce qui a été raconté sur Serigne Touba, sa famille et ses compagnons est contraire à la vérité. Pour illustrer ses propos, le porte-parole de Touba cite les parties du livre dans lesquelles l’on écrit que «Serigne Cheikh Anta Mbacké et Serigne Mame Mor Anta Saly n’avaient pas le temps d’enseigner». «Cette version est erronée», tranche-t-il. Et de révéler : «C’est absurde parce qu’ils entretenaient l’une des écoles les plus importantes de ce pays en son temps». Ces erreurs soulignées, Serigne Bassirou Abdoul Khadre donne la position de Touba sur les premiers Tomes de l’Histoire générale du Sénégal : «Que tout le monde sache que la communauté mouride ne reconnaît pas ce livre, tant que sa réécriture n’est pas faite !» Il ajoute que «si on prétend écrire l’histoire d’un pays, il faut se fier à des versions différentes. J’ai appris qu’au début, le comité s’était rapproché Rawdu Rayahin, avant d’abandonner la structure pour le reste des opérations de collecte». Pourtant, révèle Serigne Bassirou Abdiul Khadre, «cette structure avait anticipé sur un travail de cette nature concernant la vie et l’œuvre du fondateur du Mouridisme».
Un constat suffisant pour que la voix de Touba récuse catégoriquement la publication du livre, non sans inviter le coordonnateur du comité de rédaction à se rapprocher des différentes familles religieuses du Sénégal qui pourront chacune, lui transmettre les documents dont elle dispose. Ecrire l’histoire générale du Sénégal demande une connaissance, une compréhension et un respect des croyances des uns et des autres. S’ils s’entêtent à publier le livre, Touba prendra ses responsabilités».
EL H ABDOULAYE BAMBA SALL