Le 28 décembre 2016, Saint-Louis et les saint-louisiens, tes parents, tes amis, tes camarades et des anonymes t’on rendu hommage. Un hommage tel que Saint-Louis sait si bien le faire. Les saint-louisiens ont rendu hommage à GOLBERT, parce que tu serais un bon saint-louisien. C’est tout ?
Mais non ! GOLBERT, n’est pas saint-louisien, tu n’es pas saint-Louisien, alors pas du tout.
GOLBERT, je dirai qui tu es. Parce qu’il y a des hommes que les siècles ont fait et n’en font pas d’autres auprès d’eux. GOLBERT tu as marqué déjà deux siècles, et je sais que tu seras multimillénaire.
J’ai connu GOLBERT à la fin des années 70, début des années 80.
Mais tu ne le savais pas, moi je le sais. Qui ne rêvait pas à cette époque de voir de ses yeux Laye Diaw, Doudou Diène, Ballabasse Diallo, Pathé Fall Dièye, Ahmet Bachir Kounta, Golbert Diagne, au temps des grands Jaraaf, JA, Linguère ? Ces grands de Radio Sénégal, ces pharaons du commentaire, du reportage, ces princes du dire tout court qui savaient galvaniser le patriotisme de tout sénégalais ? J’ai eu cette immense baraka, en tant que jeune speaker en langue soninké de fréquenter les studios et le journal parlé de Radio Sénégal. Qui n’a pas apprécié de voir les grand Mansour Sow, Ibrahima Bayo, Iba Gueye, le très élégant Oumar Seck, puis Martin Faye et d’autres et d’autres encore ?
Qui n’est pas tombé sous l’art, la profondeur des éditoriaux de Doudou Diène au début de son journal de 13 heures ? On en était émerveillé et fier en même temps d’être parmi les privilégiés qui ont vu et côtoyé ces hommes que tout le monde admirait, mais ces hommes sans visage. Et c’est là que je t’ai rencontré pour la première fois, Golbert. C’était lui, le reporter de Saint-Louis. J’avoue que j’étais impressionné par cet homme sur qui je mettais enfin un visage. J’avais enfin une image de Golbert, mais je n’ai jamais eu la chance de voir Ballabasse Diallo.
Golbert, aussi bien dans l’imaginaire que dans la réalité, tu as contribué à forger en moi cette grande conviction que l’on peut servir son peuple sans sortir de chez soi. Golbert, KUMA TIGUI.
Saint-Louisien, toi ? O n verra.
En juillet 1990, je me rends à Saint-Louis pour visiter le site de l’Université, où je suis toujours, profitant de la présidence d’un jury de bac. J’étais, avec mon épouse, en quête de trouver le domicile de son oncle, un autre monument de Radio Sénégal, Moussa Niang. On nous a conseillé d’aller à Radio Saint-Louis. En arrivant, nous sommes tombés sur qui ? Il sortait juste de la Radio : c’était Golbert. Oui c’était toi Golbert. La gentillesse de cet homme, sa simplicité et sa disponibilité se sont tout de suite manifestées, et j’étais sous le choc, une deuxième fois. C’est cela Saint-Louis.
Et Golbert, avec force de détails, tu nous as indiqué que c’était à Ndiolofène, en disant tes regrets de ne pas pouvoir nous y conduire toi-même, à cause d’une contrainte professionnelle. Je ne savais même pas où c’était. Et nous avons retrouvé facilement cette maison. Mais je ne savais pas que j’allais cohabiter avec cet homme depuis bientôt 30 ans, chez lui à Saint-Louis. Très tôt, Golbert, nous avons noué des relations empreintes de cordialité, de respect mutuel, d’amitié sincère.
Et nous avons collaboré, il m’a ouvert gracieusement les antennes de sa radio, après qu’il eut quitté Radio Saint-Louis. L’as-tu même jamais quitté ? Quitte-t-on jamais Radio Sénégal ? Golbert est fidèle en tout, Golbert est généreux en tout. Golbert tu as fais don de ta personne à Saint-Louis et au-delà, au Sénégal. Mais tu n’es pas saint-louisien, comprends le comme tu veux. Golbert est au service quotidien de vivants à Saint-Louis, il est au service des morts, de tous les morts de Saint-Louis et d’ailleurs. Par tes actes, par tes actions. Qui n’est pas ému par cet acte majeur que tu as initié et qui chaque année, pendant le mois saint du Ramadan, draine des milliers de personnes à Marmyal, à Thièm et à Thiaka Ndiaye, pour prier sur nos morts, sur tous nos morts, sur tous les morts ? Cet homme est GRAND, il est immense. Golbert est de la race des immortels, des bâtisseurs de pyramides dont l’œuvre défie le temps et traverse les temps dans son immensité. Tu entres dans la légende de ceux qui peuvent, de ceux qui ont agi et qui vont laisser un précieux héritage à la postérité, à des générations et des générations de saint-louisiens. Mais tu n’es pas saint-louisien. Tu as cessé de l’être dès que tu es devenu un patrimoine national. Nous saint-louisiens d’adoption savons ce que tu représentes, pour nous avoir fait connaître et aimer Saint-Louis. Te souviens tu, en 1996 à l’occasion du projet de commémoration du Centenaire du Pont Faidherbe, quand à travers tes fameuses sorties tu as demandé aux saint-louisiens de fêter leur Pont ? Et que sur les ondes de Sud FM je t’ai dit attention ? Ce Pont n’est pas pour Saint-Louis, ce pont est à Saint-Louis et si on veut fêter ce pont, il fallait associer pleinement tout le Sénégal ? Que Saint-Louis seule ne pouvait pas s’approprier ce pont surtout pour un évènement de cette envergure, car il a été financé en grande partie sur le budget de l’AOF ? Et que représentait Saint-Louis dans cette immensité ? Que le pont était sénégalais, malien, guinéen, soudanais, mauritanien, ivoirien, voltaïque, nigérien, dahoméen etc. Car c’était l’impôt des citoyens (peu nombreux) et des indigènes (une multitude), et que nos grands pères, tous nos grands pères avaient contribué, soit par l’impôt de capitation, soit et par le travail forcé. Et Golbert m’a répondu, en souriant comme il sait si bien le faire, par une boutade qui m’a désarmé et charmé : « l’essentiel est que ce Pont se trouve à Saint-Louis et que c’est nous qui l’enjambons tous les jours ». Et j’ai été émerveillé par tant de spontanéité, tant d’humanité et de don de soi pour une cause. Il y a des hommes dans l’histoire qui se sont confondus avec leur ville, leur pays. Fêter Golbert, c’est fêter un engagement à vie pour une ville, pour sa ville. Voilà pourquoi Golbert, je continue à affirmer que tu n’es pas saint-louisien. Non, Golbert n’est pas saint-louisien.
GOLBERT EST PLUS QUE SAINT-LOUISIEN, GOLBERT EST SAINT-LOUIS. Nous tous, les autres sommes saint-louisiens au service de Saint-Louis, tous les jours. GOLBERT tu es LITTLE BIG MAN. Il marque son siècle car il est encore là à servir Saint-Louis. Les saint-louisiens ont eu raison de te célébrer, de te reconnaitre de ton vivant. Cela a plus de portée que cette fâcheuse tendance à attendre que quelqu’un meurt pour lui rendre hommage. Mais Golbert tu ne mourras point. Tu iras, un jour et cela arrivera, simplement reposer auprès de ceux qui t’ont précédé sur l’autre rive, qui t’ont aimé et que tu aimes. OMNI POTESTAS A DEO SED.
Alors, pourquoi attendre cela pour donner ton nom à un édifice, une rue, pourquoi pas un palais ? Golbert a côtoyé tous les Grands de Saint-Louis, tu as servi ton peuple, tu as servi ta ville. TU ES GRAND PARCE QUE TES GRANDS SONT GRANDS.
Saint-Louis, ton TEMPLE ?
Tu n’es ni ROI, ni EMPEREUR. Tu es citoyen de cette ville, mais tu es le PRINCEPS CIVIUM.
Professeur Samba TRAORE