L’énorme dimension du foie surgelé importé d’Europe et d’Asie est étonnante. Quel est l’animal qui peut disposer d’un foie de la taille d’un frigo ? La vérité sur ce foie vendu sans foi coupe l’appétit.
Au détour d’un fast-food réputé pour ses services, ce spécialiste en agroalimentaire, venu discrètement faire des prélèvements tire, sous l’anonymat, la sonnette d’alarme. L’information fait peur et donne plus que des frissons. C’est parce que, le Sénégalais est friand de foie. Faites le tour de n’importe quel marché dans la sous-région, le kilogramme de foie de mouton, de chèvre, de bœuf s’échange à trois mille francs. Le Sénégal n’échappe pas aussi à ce prix pharmacie. Seulement, ici, un foie est vendu à un prix dérisoire. Le foie surgelé importé aux quatre coins du monde. Ce qui fait l’affaire des fast-foods et des restaurants à ciel ouvert. Les centres d’approvisionnement font pignon sur rue. Dans chaque marché, ce foie surgelé est prisé par les restaurateurs qui se ravitaillent ainsi, à bon prix, pour une marchandise douteuse. Au rond-point de la Case, comme partout ailleurs, pour 500 F Cfa, le client dispose d’un sandwich de foie tellement bourré qu’il a de la peine à le finir. Que mange-t-il ?
Du sang d’animaux divers collectionné dans les abattoirs et mélangé à de la soude
En réalité, c’est du sang collecté après égorgement des animaux, mélangé à de la soude caustique à faible dose, pour avoir un foie synthétique vendu aux consommateurs. Depuis des années, ce foie qui a fait irruption sur le marché sénégalais, au même titre que les ailes de dindes, puis de poulets, est vendu en toute liberté et loin de tout contrôle. Pourtant, les autorités semblent ignorer une commercialisation dont ils connaissent le processus de formation et de transformation. Passez ce foie à la cuisson, une odeur de savon se dégage et, si vous le goûtez, au travers de la gorge, vous avez l’impression de croquer du savon domestique. Pourquoi alors, cette filière à milliards, n’est point inquiétée ? Qui les protège ? Après ces histoires sur les ânes, les chevaux et les chiens, dont la viande, des tonnes, ont été écoulées sur le marché, le foie vient compléter le sombre tableau de notre assiette. Si personne n’en parle, c’est parce que les restaurateurs comme les consommateurs, en raison de leur technique de cuisson, trop épicée, ne s’aperçoivent guère de la différence entre ce produit et du foie issu d’un abattage normal. Pourtant, à première vue, les énormes dimensions de ce foie coupé à l’aide de gros couteaux devraient faire douter.
Pape Amadou Gaye