Procès en appel pour atteinte à la sûreté de l’État en relation avec une entreprise terroriste : Boubacar Dianko encourt 20 ans de travaux forcés.

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La Cour d’appel de la chambre criminelle siégeant en formation spéciale au tribunal de grande instance hors classe de Dakar devait traiter dans son rôle du jour, en sus du dossier de l’étudiant Saër Kébé, l’affaire Imam Dianko. Ce religieux sénégalais avait été relaxé en avril 2019 après avoir fait 6 ans en détention préventive. Boubacar Dianko a été arrêté en 2013 alors qu’il revenait du Mali, en compagnie de son neveu, Ahmadou Bamba Dianko.

En première instance, l’accusé qui était poursuivi pour atteinte à la sûreté de l’État en relation avec une entreprise terroriste et association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste, a été acquitté au bénéfice du doute. Le parquet avait requis les travaux forcés à perpétuité.

Rappelé devant la barre après que le parquet a fait appel, l’Imam Dianko n’a pas varié dans ses déclarations. Il est revenu sur sa relation avec le terroriste mauritanien, Hamada Ould Mohamed Heirou. Déjà invité par ce dernier en Mauritanie en 2003, il a eu à le recevoir au Sénégal quelques années plus tard, exactement en 2006 mais il nie savoir que ce dernier avait maille à partir avec la justice de son pays pour des histoires de terrorisme.

Pour rappel, Hamada Ould Mohamed Heirou s’est évadé de la prison de Nouakchott, accompagné d’un autre jihadiste du nom de Khadim Ould Sémane. Alors que ce dernier est parti vers une autre destination, Hamada est venu au Sénégal où il a séjourné chez l’Imam Dianko à Thiaroye. Mais l’accusé affirme avoir été alerté par son grand frère du fait que son hôte avait des bisbilles avec la justice mauritanienne.

Seulement, son voyage de 2012 à Gao n’a pas plaidé en faveur de sa méconnaissance des activités terroristes de celui qui est connu pour avoir monté avec Ahmed Al Tilemsi le Mouvement pour l’Unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao). Mais l’accusé a expliqué que déplacement était motivé par une recherche de fonds pour la mise sur pied d’une école coranique.

Mis en difficulté par l’intervention de l’armée française au Mali pour déloger les jihadistes du nord, le groupe de Hamada Ould Mohamed Heirou est entré dans la clandestinité. Les bombardements français ont conduit le sénégalais et son neveu à prendre le large pour rentrer au pays. C’est à la frontière avec le Sénégal que l’Imam Dianko et son neveu sont arrêtés.

Pour l’avocat général, l’accusé était conscient des activités terroristes de Hamada Ould Mohamed Heirou. Il avance pour preuve la connexion ininterrompue entre les deux hommes depuis 2003 jusqu’à l’implantation du Mujao dans le nord du Mali. Le parquet général est d’avis que la liberté retrouvée de l’accusé n’est pas méritée. S’il ne tenait qu’au représentant du ministère public, l’Imam Dianko écoperait de 20 ans de travaux forcés.

La défense ne s’est pas fait prier pour démonter les arguments du parquet général. Me Fall trouve que le périple de son client n’en fait pour autant pas un homme dangereux. De la Gambie au Sénégal, en passant par le Sénégal ou le Mali, l’avocat n’a décelé aucun acte terroriste qu’on puisse imputer au religieux sénégalais.

Du séjour de Hamada Ould Mohamed Heirou chez l’accusé au Sénégal, l’avocat semble plus préoccupé par l’inertie des services de renseignements si tant est que l’invité de son client est celui que le parquet a voulu dépeindre. Convaincu de l’innocence de son client, il a plaidé la confirmation du verdict prononcé en première instance, c’est à dire l’acquittement. L’Imam Dianko qui est reparti libre sera édifié sur son sort le 26 avril prochain.

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